Déjà !
C'est un timide soleil qui se lève pour saluer mon dernier jour à Helsinki - je compte bien en profiter. Comme
Geraldine et Anna doivent travailler leur examen de finnois, je décide d’aller
me balader par moi-même au cœur de la ville. Mes pas me mènent d’abord devant
le palais - au nom très original, je vous le concède - de Finlandia, œuvre d’Alvar Aalto, un architecte
et designer qui fait la fierté des finlandais. L’orchestre philharmonique d’Helsinki
y réside, malgré une acoustique légendairement désastreuse ! Quant au
bâtiment, il n’est pas non plus particulièrement beau, je pousse donc mon
chemin plus loin, jusque dans la magnifique baie de Töölö. Bien que le vent fasse
un peu des siennes, le temps est plutôt agréable et se prête bien à ce genre de flânerie. D’ailleurs, vient le moment d’éclaircir
un point quant à la météo : non, les finlandais ne se trimballent pas en
combinaison de ski toute l’année ! J’y vais un peu fort, mais c’est à la
hauteur de l’opinion que l’on se fait généralement du temps en Finlande (ou des commentaires qu'on a pu me faire à loisir avant mon départ) ! :) Ces trois premiers jours étaient une bonne occasion de tordre le coup à ce
genre d’idées préconçues. La journée, le thermomètre affichait entre 20 et
23°C, pour ne tomber qu’aux alentours des 17°C en soirée. Absolument idéal !
La baie de Töölö |
Bref.
Je range miss météo dans le placard pour reprendre ma petite ballade, que je
décide de poursuivre le long de la "Linnunlaulu" que l’on peut
traduire par la ballade du "Chant-des-Oiseaux", un sentier qui
serpente le long d’un bras de mer, tout autour duquel s’agrippent de jolies villas datant du XIXème
siècle faites en bois. Après cela, je retourne en direction du centre où je
dois retrouver Geraldine et Anna pour manger, en empruntant cette fois un autre chemin, qui
me fait passer près de la Maison des Travailleurs d’Helsinki, un coin qui ne
paie pas de mine, simple baraque taillée dans le granite local. C’est une
association qui, au début du 20ème siècle, s’est mobilisée pour
construire ce centre de loisirs destiné aux ouvriers et que Lénine, qui a vécu
à Helsinki entre 1905 et 1907, a souvent visité. Je n’ai malheureusement que le
temps de jeter un œil à la bâtisse extérieure avant de rejoindre mes amies. Fâcheusement,
l’après-midi ne sera pas utilisé à bon escient, puisqu’il a consisté en une
nouvelle quête (à la recherche du Graal tome II) : trouver un adaptateur
pour les prises suisses, que j’avais évidemment oublié et que l’on ne trouve
évidemment nulle part ! Quelle idée, être Suisse… Les pieds qui hurlent vengeance et 50
euros plus tard, nous retournons à l’appartement se faire à manger et passer
une soirée à papoter avant que je ne prenne mon véritable envol pour Turku.
Et
alors, au final, Helsinki, ça ressemble à quoi ? D’après Jean Coué, un écrivain
français, Helsinki qui s’offre à vue d’œil, dans sa totalité, ça ressemble à
une : « […] ville sans mystères, grande fille toute simple qui se
souvient de sa campagne dont elle a gardé un air de santé ; des façades de
temples grecs donnant sur la mer, le soleil sur la coupole de l’église
orthodoxe d’Uspenskin… » (Kopoli, le
renne guide). En somme, une ville qui se cache d'en être une, du moins qui
ne correspond pas à ce que l’on s’attend lorsqu’on parle capitale européenne :
agréable à vivre, ouverte, peu oppressante, mais pas resplendissante non plus.
Son esprit est à la croisée des chemins, entre l’Ouest et l’Est, avec lequel
elle a dû apprendre à composer, historiquement parlant, non sans que cela
laisse des traces : « Helsinki est une ville à l’atmosphère
étrangement russe ; sa place principale évoque un petit Saint-Pétersbourg »,
écrit Arto Paasilinna, écrivain finlandais à succès. Impossible à cerner
en si peu de temps ! Mais Helsinki me laisse un souvenir plutôt agréable, qui ne peut qu'augurer le meilleur pour la suite. Je me tourne désormais corps et âme vers la petite Turku, dont j'aurai tout le loisir d'arpenter les rues.
L’acte
deux commence.
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