Mon voyage débute sous un ciel menaçant,
chargé de pluie et d’orages : j’en conviens, en ces moments d’adieux, ça
n’aide pas à mettre du baume au cœur… Mais qu’à cela ne tienne, il m’en faudra plus
pour me détourner du droit chemin ! C’est donc après une courte nuit,
voire inexistante, que je me rends à l’aéroport de Genève, encore lové dans les brumes d’un timide cinq heures du matin. Quant à moi, je n’émerge
réellement que trois heures plus tard, lorsque mon avion se pose sur le tarmac
de Copenhague. Quatre heures d’attentes passionnantes se profilent à l’horizon,
alors fidèle à mon flair sans égal, je décide de jeter mon dévolu sur l’un des
seuls cafés qui se fait un honneur de mettre de la vodka dans tout ce qu’il
produit !
Malgré tout, je finis par dénicher un café
"nature" que je sirote en écrivant ces quelques lignes, avec
désormais des couronnes danoises dans la poche. Gracieusement, le pub nous
offre quelques « bar sayings » pour égayer l’attente des
consommateurs : « An intelligent man is sometimes forced to be drunk
to spend time with his fools » (Ernest Hemingway) ou encore « The
hard part about being a bartender is figuring out who is drunk and who is just
stupid » (Richard Braunstein). Après avoir médité longuement ces
véritables leçons de vie, je m’en vais à la recherche du Saint Graal : un
point wifi, que je trouve avec bonheur. Bref : j’arrive
finalement en terre promise à trois heures de l’après-midi, lorsque l’avion
semble s’engouffrer dans une forêt sans fin (est-ce qu’il y a une piste
là-dessous ?? Peut-on lire sur les visages affolés des passagers). Une
fois installée à l’hotel et reposée, je m’en vais retrouver mon amie,
Geraldine, au centre-ville.
On peut apercevoir le long de la façade de la cathédrale les statues des douze apôtres. |
Première épreuve : prendre le bus. La
chose paraît anodine, mais heureusement que Geraldine m’a rappelé ce
"détail" pourtant crucial : il faut faire signe du bras au
conducteur pour que le bus s’arrête, sans quoi il vous passera sous le
nez ! J’imagine déjà le nombre de mésaventures que les touristes ont dû
connaître à cause de ça… Mais une fois cette épreuve relevée haut la main (sans
jeu de mots !), Geraldine me mène d’un pas expert jusqu’au cœur
névralgique de la ville : la Senaatintori, soit la place du Sénat. 7 000 m2
et 400 000 pavés (j’ai compté) font de cette place un lieu de passage
incontournable et pour le moins imposant. L’endroit est surtout connu pour son
impressionnante cathédrale luthérienne, la Tuomiokirkko (1830 – 1852), qui
s’élance vers le ciel du haut d’une volée de marche vertigineuse. Elle fait la
fierté des finlandais, quand bien même le destin s’est acharné sur la place.
Les guerres ne l’ont pas épargnée et quand la situation s’est faite plus
pacifique, un incendie, en 1808, s’est chargé de tout ravager. C’est alors que la
place est devenue ce que l’on connaît grâce au travail de l’architecte allemand
Engel, travail poursuivi et achevé par un certain Lorthmann. En ce qui concerne Carl
Ludvig Engel, vous risquez d’en entendre parler encore et encore, puisqu’il est
présent quasiment à tous les coins de rue ! Il a effectivement dessiné les
plans d’une trentaine de bâtiments publics et d’une myriade de demeures
particulières, à Helsinki comme ailleurs en Finlande. D’ailleurs, si la cathédrale
a quelque chose de grec (les colonnes corinthiennes, ce blanc éclatant, …), le
tout a aussi un air de Russie – et pour cause ! Engel a aussi beaucoup
œuvré là-bas, tant et si bien qu’il s’est inspiré pour ce travail de l’église
Isaac de Saint-Pétersbourg. En revanche, contrairement à ce qu’on pourrait
imaginer, l’intérieur surprend tant il est sobre, excepté les dorures qui
ornent l’orgue. Quant à sa parfaite symétrie, elle n’est cassée que par la
présence de trois statues, qui représentent les pères du luthéranisme :
Luther lui-même, Agricola et Melanchthon (et pas Melanchon !).
Après
cette visite culturelle, on se dit qu’il est l’heure de se mettre aux mœurs
finlandaises et de rattraper le temps en dégustant une première bière
régionale (la Karhu, la bière de l’ours) sur le parvis de la cathédrale. Puis,
une balade au hasard des rues nous portera jusqu’à un pub (quel hasard !)
où je ferai ma première rencontre avec la faune qu’abritent les bars finlandais
(autant vous dire qu’ils commencent tôt à se mettre la biture… à 17h, nous
disaient certains). Mais rapidement, le sommeil nous rattrape et nous décidons
d’aller reprendre des forces pour le lendemain.
Näkemiin !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire